Le 7 mars 2024,la deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale a tenu une conférence de presse au Media Center Hotel. M. Wang Yi, Membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des Affaires étrangères a répondu aux questions de journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine.
Wang Yi : Chers amis de la presse, bonjour à vous tous. Je suis très heureux de vous retrouver à l’occasion des sessions annuelles de l’APN et de la CCPPC. À l’heure actuelle, l’échiquier international connaît des transformations profondes, et la société humaine est confrontée à de multiples défis. Dans un environnement international volatil et changeant, la Chine est déterminée à être une force pour la paix, la stabilité et le progrès. Comme le Secrétaire général Xi Jinping l’a indiqué dans son rapport au XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), nous vivons dans une époque pleine de défis, mais aussi pleine d’espoir. La Chine continuera de se tenir fermement du bon côté de l’Histoire et du progrès de la civilisation humaine, de porter haut l’étendard de la paix, du développement, de la coopération et du gagnant-gagnant, et de travailler à promouvoir son développement par la sauvegarde de la paix et du développement dans le monde et à mieux préserver la paix et le développement dans le monde par son propre développement. Comme le rapport l’a souligné, le PCC œuvre au bonheur du peuple chinois et au renouveau de la nation chinoise, de même qu’au progrès de l’humanité et à l’harmonie dans le monde. Tel est notre mission, notre engagement, notre aspiration et notre objectif. Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.
CCTV : D’après vous, quels sont les résultats marquants de la diplomatie chinoise en 2023 ? La Conférence centrale sur le travail relatif aux affaires étrangères a affirmé que la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises entrerait dans une nouvelle phase d’engagement plus important. Pourriez-vous nous présenter les actions diplomatiques qui marqueraient l’année 2024 ? Dans quels domaines précisément peut-on attendre un engagement plus important ?
Wang Yi : L’année 2023 a été pour la diplomatie chinoise une année d’actions et surtout de récoltes. Sous la ferme direction du Comité central du Parti rassemblé autour du Camarade Xi Jinping, nous avons appliqué en profondeur l’esprit du XXe Congrès national du Parti, travaillé pour promouvoir la solidarité et la coopération internationales, proposé des solutions aux crises et défis de toutes sortes et contribué à la paix et au développement dans le monde, ouvrant de nouveaux horizons à la théorie et à la pratique de la diplomatie chinoise.
L’an dernier, le Président Xi Jinping a présidé deux grands événements diplomatiques organisés en Chine, participé à trois sommets multilatéraux, effectué quatre déplacements importants à l’étranger, et tenu plus de cent entretiens en présentiel ou par téléphone. La diplomatie de Chef d’État continue de jouer un rôle de pilotage stratégique irremplaçable. L’Asie centrale et la péninsule indochinoise se sont engagées dans la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et de nouveaux progrès ont été obtenus dans la construction des communautés d’avenir partagé Chine-Afrique, Chine-ASEAN, Chine-États arabes ainsi que Chine-Amérique latine et Caraïbes. Le 3e Forum « la Ceinture et la Route » pour la Coopération internationale s’est tenu avec succès, et la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » est entrée dans une nouvelle phase de développement de qualité. Les BRICS ont réalisé un élargissement historique, ouvrant un nouveau chapitre du Sud global dans le redressement dans l’unité. Nous avons travaillé à réaliser la réconciliation historique entre l’Arabie saoudite et l’Iran, contribué par notre médiation à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu dans le nord du Myanmar, et œuvré à un règlement politique de l’ensemble des crises et conflits. Nous avons lutté résolument contre tout agissement de politique du plus fort et d’intimidation et défendu énergiquement la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de notre pays et les intérêts communs des pays en développement. Nous avons poursuivi notre engagement à servir le peuple et travaillé d’arrache-pied dans l’intérêt général du développement et de la stabilité du pays.
Lors de la Conférence centrale sur le travail relatif aux affaires étrangères tenue fin 2023, le Président Xi Jinping a pris des dispositions globales pour les actions diplomatiques de la période actuelle et de celle à venir et fait une planification au plus haut niveau de la stratégie diplomatique de la Chine dans sa nouvelle marche en avant. Nous étudierons et appliquerons en profondeur l’esprit de la Conférence, nous guiderons sur la Pensée Xi Jinping sur la diplomatie, axerons nos efforts sur la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et ferons preuve d’un plus grand sens des responsabilités envers l’Histoire et d’un plus fort esprit novateur, pour ouvrir de nouvelles perspectives plus prometteuses à la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises.
Plus confiants et plus autonomes, nous travaillerons à forger le caractère de la diplomatie chinoise. Nous nous appuyerons toujours sur nos propres forces pour promouvoir le développement et le redressement du pays, et prendrons en main le destin de notre peuple. Nous poursuivrons résolument la politique étrangère d’indépendance et de paix et défendrons fermement la souveraineté et la dignité nationales.
Plus ouverts et plus inclusifs, nous travaillerons à affirmer la largeur d’esprit de la diplomatie chinoise. Nous œuvrerons à consolider et à élargir notre réseau de partenariats dans le monde, à promouvoir un nouveau type de relations internationales et à favoriser le respect et l’inspiration mutuels entre civilisations. Nous travaillerons à maintenir la stabilité des relations entre grands pays, avancerons main dans la main avec nos pays voisins et œuvrerons au redressement commun avec les autres pays du Sud global.
Attachés à l’équité et à la justice, nous travaillerons à démontrer l’engagement de la diplomatie chinoise. Nous porterons le véritable multilatéralisme et œuvrerons à la démocratisation des relations internationales. Sur les questions de principe qui touchent aux droits et intérêts légitimes des pays en développement et à l’avenir de l’humanité, nous affirmerons sans équivoque notre position, défendrons résolument la justice et poursuivrons fermement la bonne direction de la marche de l’Histoire.
Engagés pour la coopération gagnant-gagnant, nous travaillerons à réaliser les idéaux de la diplomatie chinoise. Nous poursuivrons résolument la bonne voie de la solidarité et de la coopération, contribuerons activement au règlement des points chauds régionaux et des enjeux globaux en proposant plus de solutions et en valorisant davantage la sagesse chinoise, fournirons plus de biens publics en faveur de la paix et du développement mondiaux et apporterons de nouvelles opportunités au monde par le développement de la Chine.
Rossiya Segodnya : Cette année marque le 75e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine. Les relations russo-chinoises ont atteint un niveau sans précédent ces dernières années. À votre avis, comment peut-on réaliser le plus efficacement possible le potentiel de la coopération russo-chinoise dans un contexte de transformation des relations internationales à l’échelle mondiale ?
Wang Yi : Sous le pilotage stratégique du Président Xi Jinping et du Président Vladimir Poutine, le partenariat de coordination stratégique global sino-russe à l’ère nouvelle a maintenu un haut niveau de développement. La confiance politique mutuelle entre les deux parties s’est sans cesse approfondie. Leur coopération mutuellement bénéfique jouit constamment d’une complémentarité réciproque. Et les deux peuples affichent un enthousiasme croissant pour les échanges. L’année dernière, le volume du commerce sino-russe a atteint le niveau record de 240 milliards de dollars US, réalisant par avance l’objectif de 200 milliards de dollars. Le gaz naturel russe est utilisé par de nombreux ménages chinois, et des voitures de fabrication chinoise circulent dans des villes russes, ce qui montre la grande résilience et les larges perspectives de la coopération sino-russe mutuellement avantageuse.
Bien préserver et développer les relations sino-russes, tel est un choix stratégique fait à partir de l’intérêt fondamental des deux peuples et une nécessité au regard de la tendance générale du développement du monde. Pays majeurs dans le monde et membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Chine et la Russie ont créé un nouveau modèle des relations entre grands pays, qui, à la différence du temps révolu de la guerre froide, préconise le bon voisinage et l’amitié pérennes ainsi que l’approfondissement de la coordination stratégique globale sur la base du non-alignement, de la non-confrontation et de la non-hostilité envers une partie tierce. Dans le monde d’aujourd’hui, l’hégémonisme ne trouvera pas de soutien, la division ne mènera nulle part, les grandes puissances doivent s’abstenir de s’affronter et la guerre froide ne doit pas revenir. Les relations sino-russes, qui suivent le courant vers la multipolarité du monde et la démocratisation des relations internationales, sont d’une valeur importante pour le maintien de la stabilité stratégique mondiale, le développement des interactions entre grands pays et la promotion de la coopération entre les pays émergents.
Cette année, les deux pays célébreront le 75e anniversaire de leurs relations diplomatiques et organiseront une année culturelle sino-russe, les relations sino-russes feront ainsi face à de nouvelles opportunités de développement. La Chine entend travailler avec la Russie pour faire émerger plus de moteurs de coopération et consolider davantage la base de l’amitié entre les deux peuples. La Russie assume cette année la présidence tournante des BRICS, et la Chine prendra la relève de la présidence tournante de l’Organisation de Coopération de Shanghai à partir du second semestre. Les deux pays renforceront leur coordination au niveau international et multilatéral et porteront le véritable multilatéralisme pour défendre le système international centré sur l’ONU et préserver la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.
Quotidien du Peuple : Comme l’a affirmé la Conférence centrale sur le travail relatif aux affaires étrangères, construire une communauté d’avenir partagé pour l’humanité est un objectif noble de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises à l’ère nouvelle. Ces dernières années, la Chine et nombre de pays ont annoncé la construction conjointe des communautés d’avenir partagé. Comment en voyez-vous les perspectives ?
Wang Yi : Construire une communauté d’avenir partagé pour l’humanité est l’idée centrale de la Pensée Xi Jinping sur la diplomatie. C’est aussi la réponse chinoise à la question de savoir quel genre de monde nous devons construire et comment le construire.
Comme l’a souligné à plusieurs occasions le Président Xi Jinping, nous vivons dans un même village planétaire et nous sommes à bord d’un même navire. Face aux défis planétaires de toutes sortes, les différents pays devraient transcender leurs différences en termes d’histoire, de culture, de géopolitique et de système, et préserver et construire ensemble la planète Terre, seul foyer habitable de l’humanité. Ce concept important témoigne de l’envergure de la vision historique et de la profondeur de la conviction mondiale du Président Xi Jinping, dirigeant d’un grand pays. Il dépasse la mentalité archaïque du jeu à somme nulle, se place à la hauteur de la civilisation humaine, et reflète l’aspiration partagée des peuples du monde. Il indique, à ce moment historique où s’accélèrent les transformations inédites, la bonne orientation à suivre pour l’humanité. Il est devenu un étendard glorieux guidant la marche de notre temps et un objectif noble de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises à l’ère nouvelle.
Depuis le lancement de cette vision par le Président Xi Jinping il y a dix ans, de grands accomplissements ont été réalisés. La construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité est passée d’une vision conceptuelle à un système scientifique, d’une initiative chinoise à un consensus international, et d’une perspective prometteuse à des résultats concrets, affichant aujourd’hui une forte vitalité. Du bilatéral au multilatéral, du régional au mondial, de la santé aux mers et océans en passant par le cyberespace, la Chine a bâti avec des dizaines de pays et régions des communautés d’avenir partagé sous différentes formes et dans différents domaines. Cette vision est inscrite à plusieurs reprises dans des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies ainsi que dans les résolutions ou déclarations de l’Organisation de Coopération de Shanghai, des BRICS et d’autres mécanismes multilatéraux.
L’évolution de la situation internationale de ces dernières années n’a cessé de démontrer que l’interdépendance étroite de tous les pays est la plus grande réalité du monde d’aujourd’hui et que la solidarité et la coopération gagnant-gagnant sont une voie obligée pour relever les défis. De plus en plus de pays et de peuples réalisent que le destin de l’humanité doit être maîtrisé en commun par les pays du monde et que l’avenir de la planète est à créer par tous. Nous entendons travailler avec tous les pays à bâtir un monde de paix durable, de sécurité universelle, de prospérité commune, ouvert, inclusif, propre et beau. Le chemin pourrait être sinueux, mais il conduira certainement à un avenir radieux.
Bloomberg : L’entretien des Chefs d’État chinois et américain à San Francisco de l’année dernière a permis aux deux pays de dégager des consensus sur la gestion conjointe des divergences et la promotion de leur coopération mutuellement bénéfique. Mais la partie américaine continue de multiplier les restrictions commerciales et technologiques à l’égard de la Chine. D’après vous, est-ce que cette tendance pourra changer d’ici un ou deux ans ? Comment la Chine y réagira ?
Wang Yi : Les relations sino-américaines mettent en jeu le bien-être des deux peuples de même que l’avenir de l’humanité et de notre monde. Quels que soient les aléas internationaux, la Chine a maintenu la stabilité et la continuité de sa politique américaine et a toujours géré ces relations avec un sens des responsabilités envers l’Histoire, le peuple et le monde.
Notre position, ce sont les trois principes avancés par le Président Xi Jinping, à savoir, le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant. Ils constituent à la fois un bilan des leçons et expériences des plus de 50 ans de relations sino-américaines et une observation des lois des relations entre grands pays, et doivent être la ligne et l’orientation à suivre par les deux parties dans leurs efforts conjoints.
Concrètement, le respect mutuel est le préalable, parce que, les systèmes sociaux et politiques des deux pays étant différents, seuls le respect et la reconnaissance des différences permettront un développement soutenu de leurs relations. La coexistence pacifique est la ligne rouge à ne pas franchir, car les conséquences d’un conflit ou d’une confrontation entre deux pays aussi grands seraient inimaginables. La coopération gagnant-gagnant est l’objectif à poursuivre, car ensemble, la Chine et les États-Unis pourront réussir beaucoup d’accomplissements bénéfiques aux deux pays et au monde entier.
En novembre dernier, les Chefs d’État chinois et américain ont eu un entretien historique à San Francisco, lors duquel ils ont dégagé des consensus et fixé le cap pour stabiliser les relations sino-américaines et les remettre sur la voie d’un développement sain. Le Président Xi Jinping a exposé en profondeur les principes fondamentaux et la position de principe de la Chine sur les relations sino-américaines. Le Président Joe Biden a réaffirmé l’engagement des États-Unis de ne pas chercher une nouvelle guerre froide, de ne pas chercher à changer le système de la Chine, de ne pas chercher à revitaliser leurs alliances contre la Chine et de ne pas soutenir l’« indépendance de Taiwan ». Il a souligné que les États-Unis se réjouissaient de voir le développement et la prospérité de la Chine, et qu’ils n’avaient pas l’intention de contenir le développement de la Chine ou de chercher le découplage avec la Chine.
Depuis l’entretien de San Francisco, des progrès ont été obtenus dans l’amélioration des relations sino-américaines, ce qui correspond à l’intérêt et à l’aspiration des deux peuples et de tous les peuples du monde. Mais force est de constater que la perception erronée des États-Unis à l’égard de la Chine persiste et que leurs engagements n’ont pas été véritablement tenus. Ils ont continué de prendre de nouvelles mesures contre la Chine, d’allonger la liste des sanctions unilatérales et de nous faire des procès d’intention absurdes. Si les États-Unis continuent d’agir contre leurs engagements, peut-on encore parler de leur crédibilité ? S’ils s’angoissent chaque fois que le nom de la Chine est prononcé, peut-on encore parler de la confiance en soi d’un grand pays ? S’ils ne veulent que le maintien de leur propre prospérité sans accepter le développement légitime des autres, comment peut-on encore parler de la justice dans ce monde ? S’ils continuent de monopoliser le haut de gamme des chaînes de valeur en maintenant la Chine au bas de gamme, comment peut-on parler de la concurrence équitable ? Le défi auquel sont confrontés les États-Unis est bien américain, et pas chinois. S’obstiner à endiguer le développement de la Chine finira par nuire à soi-même. Nous exhortons la partie américaine à saisir la tendance générale de l’Histoire, à voir le développement de la Chine avec objectivité et raison, à développer des échanges avec la Chine de manière active et pragmatique, à traduire ses engagements en actes concrets, et à œuvrer avec la Chine pour promouvoir un développement stable, sain et soutenu des relations sino-américaines.
Cette année marque le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis. Comme le Président Xi Jinping l’a souligné, l’espoir des relations sino-américaines est porté par le peuple, leur fondement se trouve dans la société, leur avenir dépend de la jeunesse et leur dynamisme provient de la coopération décentralisée. Nous restons disposés à renforcer le dialogue et la communication avec la partie américaine, à intensifier les échanges amicaux entre différents milieux, à construire plus de ponts pour promouvoir la connaissance mutuelle et à éliminer les malentendus et les préjugés inutiles. Nous avons la certitude que nos deux pays peuvent trouver une bonne voie qui permettra à deux grands pays différents de s’entendre dans ce monde.
Agence Xinhua : De nombreux dirigeants estiment que l’ordre international d’aujourd’hui ne peut refléter ni s’adapter à l’évolution des rapports de force dans le monde. La Chine a appelé à œuvrer à un monde multipolaire égal et ordonné et à une mondialisation économique inclusive et bénéfique pour tous. Ces propositions ont suscité une grande attention et bénéficié d’un soutien large de la communauté internationale. Pourriez-vous nous expliquer plus précisément ces propositions chinoises sur la gouvernance mondiale ?
Wang Yi : La multipolarisation du monde et la mondialisation économique représentent la grande tendance du développement de la société humaine. Mais les vues sont partagées sur la question de savoir de quel genre de multipolarisation et de mondialisation avons nous besoin. La Chine est d’avis qu’il faut travailler à un monde multipolaire égal et ordonné et à une mondialisation économique inclusive et bénéfique pour tous.
Pour bâtir un monde multipolaire égal, il faut assurer l’égalité des droits, des chances et des règles à tous. Il ne faut plus que certain ou quelques grands pays monopolisent les affaires internationales, et que les pays du monde soient hiérarchisés en fonction de leur force. Il ne faut non plus que ceux qui ont le plus gros poing aient le dernier mot, et encore moins que certains pays soient automatiquement à la table alors que d’autres ne puissent que rester sur le menu. Il est nécessaire de permettre à tous les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, d’avoir une participation égale, de jouir de leurs droits et de jouer leur rôle dans le processus de multipolarisation.
Pour bâtir un monde multipolaire ordonné, il faut respecter ensemble les buts et principes de la Charte des Nations Unies et défendre ensemble les normes fondamentales régissant les relations internationales universellement reconnues. La multipolarisation ne signifie pas la division du monde en blocs, et encore moins la fragmentation ou le désordre. Les pays doivent tous agir dans le cadre du système international centré sur l’ONU et coopérer dans le processus de la gouvernance mondiale.
Pour réaliser une mondialisation bénéfique pour tous, il faut agrandir et bien répartir le gâteau du développement économique, pour que tous les pays, toutes les couches sociales et toutes les communautés puissent participer au développement économique et social et en tirer bénéfice, et que les problèmes du déséquilibre de développement au niveau national et international puissent être réglés adéquatement en vue d’une prospérité partagée et d’un enrichissement commun.
Pour réaliser une mondialisation inclusive, il faut soutenir les efforts de chaque pays dans la recherche d’une voie de développement adaptée à ses réalités nationales, sans jamais favoriser l’uniformisation des modèles de développement ni recourir à l’unilatéralisme ou au protectionnisme pour des intérêts égoïstes au détriment des autres. Il est important de préserver la stabilité et la fluidité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales et de maintenir la vitalité et la dynamique de la croissance mondiale.
La Chine est prête à œuvrer avec tous les autres pays pour faire évoluer la multipolarisation du monde et la mondialisation économique dans une bonne direction qui correspond aux aspirations des peuples du monde, et rendre la gouvernance mondiale plus juste et plus rationnelle.
Al Nile : Lors de mon travail sur le terrain, j’ai découvert que la population à Gaza souffrait de la faim et manquait de moyens de subsistance, et j’ai assisté à des scènes quotidiennes où d’importantes quantités d’aide humanitaire ne pouvaient accéder à Gaza. Comment la communauté internationale pourra-t-elle offrir une protection nécessaire au peuple palestinien ? La position impartiale de la Chine sur la question palestinienne est saluée par les pays arabes. Où se trouve l’issue du conflit palestino-israélien ? Quel rôle jouera la Chine là-dedans ?
Wang Yi : L’actuel conflit palestino-israélien a fait 100 000 morts et blessés parmi les civils, et d’innombrables personnes innocentes sont toujours sous les décombres. Toutes les vies se valent, sans distinction de race ou de religion. Ne pas pouvoir mettre fin à cette catastrophe humanitaire alors que nous sommes déjà au 21e siècle, est une tragédie pour l’humanité, et surtout une honte pour la civilisation. Rien ne saurait plus justifier la prolongation du conflit ou les tueries des civils. La communauté internationale doit agir en urgence et faire d’un cessez-le-feu immédiat la première priorité qui prévaut sur tout, et de l’assistance humanitaire une responsabilité morale à assumer sans le moindre délai. La population de Gaza a le droit de vivre dans ce monde. Les femmes et les enfants doivent pouvoir retrouver leurs familles. Tous les détenus doivent être libérés et toute attaque contre les civils doit être arrêtée.
Le désastre à Gaza nous rappelle de nouveau qu’il ne faut plus négliger le fait que le territoire palestinien est depuis longtemps sous l’occupation, qu’il ne faut plus s’esquiver face au rêve tant chéri du peuple palestinien de créer un État indépendant, et qu’il ne faut plus laisser persister de génération en génération les injustices historiques subies par les Palestiniens ni tarder à les redresser. C’est seulement quand la justice aura été rendue au peuple palestinien et que la solution à deux États aura été intégralement mise en œuvre que nous pourrons définitivement sortir du cercle vicieux du conflit palestino-israélien, éradiquer à la source le terreau des courants extrémistes et réaliser la paix durable au Moyen-Orient.
La Chine soutient fermement la juste cause du peuple palestinien de rétablir les droits légitimes de la nation, et travaille depuis toujours à un règlement global, juste et durable de la question palestinienne au plus tôt. Nous soutenons l’obtention par la Palestine du statut d’État membre de l’ONU et appelons certain membre du Conseil de Sécurité à cesser d’y faire obstacle. Nous appelons à l’organisation d’une conférence internationale de paix d’une plus grande ampleur, d’une plus grande autorité et plus substantielle pour établir un calendrier et une feuille de route de la mise en œuvre de la solution à deux États. Nous estimons que la partie palestinienne et la partie israélienne doivent reprendre au plus vite les pourparlers de paix en vue d’une coexistence pacifique entre l’État palestinien et l’État israélien et d’une entente harmonieuse entre les nations arabe et juive. La Chine continuera de travailler avec la communauté internationale pour contribuer à faire revenir la paix, à sauver des vies et à défendre la justice.
Beijing Youth Daily : Depuis l’année dernière, la Chine a offert une médiation en faveur du rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, de l’apaisement de la situation dans le Nord du Myanmar et de l’amélioration des relations entre l’Iran et le Pakistan. Ses efforts ont obtenu des résultats significatifs et ont été hautement appréciés par les parties concernées et la communauté internationale. Beaucoup disent que seule la Chine est capable d’y parvenir. Selon vous, qu’est-ce qui explique la réussite de cette diplomatie de médiation ?
Wang Yi : Participer de manière constructive au règlement des points chauds internationaux est une responsabilité qui incombe à la Chine, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En veillant à tirer des enseignements des pratiques internationales et à puiser de la sagesse dans la culture chinoise, nous sommes parvenus à trouver une voie de règlement des points chauds aux caractéristiques chinoises. À mon avis, il est important de respecter quatre principes.
Premièrement, le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui. La Chine respecte depuis toujours la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays concernés, et joue son rôle de médiation dans le respect des besoins et de la volonté de ces pays et conformément à la Charte des Nations Unies.
Deuxièmement, le principe du règlement politique. Face aux désaccords et aux différends, il ne faut pas recourir systématiquement à la force, encore moins s’obstiner dans les pressions ou sanctions. Il est nécessaire de promouvoir le dialogue et la concertation en faisant preuve de la plus grande patience pour trouver le plus grand dénominateur commun des préoccupations de tous. Sur tout dossier brûlant, la Chine cherche à favoriser les pourparlers de paix et non à jeter de l’huile sur le feu.
Troisièmement, le principe de l’objectivité et de l’impartialité. La Chine détermine depuis toujours sa position selon la réalité des faits, sans jamais pratiquer le double standard, ni prendre parti et encore moins chercher des intérêts géopolitiques égoïstes. La justice habite dans le cœur de tous les peuples. C’est de la crédibilité que provient l’influence.
Quatrièmement, le principe consistant à s’attaquer aussi bien aux symptômes qu’aux racines du problème. Pour régler un point chaud, il est important de travailler à un apaisement rapide de la situation et de prévenir l’escalade et le débordement de la crise, mais aussi de procéder à une analyse systématique et dialectique des causes et d’adopter une approche globale pour désamorcer les divergences. Il faut éviter de soigner les symptômes sans traiter le problème de fond et surtout, de rentrer dans une vision court-termiste et utilitaire en privilégiant le rejet des responsabilités sur autrui.
Notre monde est loin d’être tranquille. La paix est à préserver par tous. La Chine travaillera avec tous les autres pays à forger le consensus pour mettre fin aux conflits et à bâtir des ponts pour les pourparlers de paix, en vue de construire un monde de paix durable et de sécurité universelle.
Agence EFE : Comment voyez-vous les perspectives des relations entre la Chine et l’Union européenne ? Qu’attend la Chine de l’Europe ? Que pensez-vous de l’absence de certains pays européens dans l’Initiative « la Ceinture et la Route » ?
Wang Yi : Durant l’année dernière qui marquait le 20e anniversaire de l’établissement du partenariat stratégique global Chine-UE, les échanges et les dialogues entre les deux parties ont été relancés à tous les niveaux. Les lignes de fret ferroviaire Chine-Europe, avec 17 000 convois desservant 219 villes de 25 pays européens, se sont avérées cruciales pour la sécurité et la fluidité des chaînes industrielles et d’approvisionnement dans un monde agité. L’exemption de visa que la Chine a accordée à plusieurs pays européens a facilité la mobilité humaine de même que les échanges économiques et commerciaux entre les deux parties. Dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », il existe en réalité de nombreux exemples de partenariats réussis entre la Chine et l’Europe. Je pense notamment au chemin de fer Hongrie-Serbie, au port du Pirée en Grèce et au pont de Pelješac en Croatie qui sont tous des exemples représentatifs.
Il y a quelques années, un document de l’UE a collé à la Chine trois étiquettes à la fois : partenaire, concurrent et rival systémique. Les faits prouvent que ce triptyque, qui n’est ni conforme à la réalité ni viable, a perturbé et entravé le développement des relations sino-européennes. C’est comme si on conduisait une voiture et arrivait à un carrefour où les feux rouge, jaune et vert étaient tous allumés, comment peut-on avancer ?
Entre la Chine et l’Europe, il n’existe ni de conflits d’intérêts fondamentaux ni de tensions géostratégiques. Nos intérêts communs l’emportent de loin sur nos divergences. Les relations sino-européennes doivent être définies comme un partenariat, leur aspect dominant doit être la coopération, leur valeur essentielle, l’autonomie, et leurs perspectives, le bénéfice mutuel. Nous espérons que les relations sino-européennes auront toujours le feu vert pour avancer sans entraves.
Une Europe puissante est dans l’intérêt de long terme de la Chine. De même, une Chine puissante est dans l’intérêt fondamental de l’Europe. La Chine et l’Europe doivent ensemble porter le multilatéralisme, défendre le développement ouvert et promouvoir le dialogue civilisationnel. D’un point de vue mondial, tant que la Chine et l’Europe optent pour la coopération gagnant-gagnant, il ne pourra y avoir de confrontations des blocs. Tant qu’elles s’attachent à l’ouverture et au bénéfice mutuel, la démondialisation ne pourra jamais prendre l’ascendant.
Lianhe Zaobao : Après les élections dans la région de Taiwan, on craint une escalade des tensions dans le détroit de Taiwan, qui nuira à la paix et à la stabilité de la région. À votre avis, les perspectives d’une réunification pacifique deviennent-elles moroses ? Comment voyez-vous la situation actuelle dans le Détroit ? Que faut-il faire pour éviter une escalade des tensions ?
Wang Yi : Les élections dans la région de Taiwan ne sont que des élections locales de la Chine. Leurs résultats ne sauraient changer ni le fait fondamental que Taiwan fait partie de la Chine, ni la tendance de l’Histoire qui veut que Taiwan retourne au giron de la patrie. Après ces élections, plus de 180 pays et organisations internationales ont réitéré leur attachement au principe d’une seule Chine et leur soutien à la Chine dans la sauvegarde de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Cela démontre pleinement que le principe d’une seule Chine est déjà un consensus largement partagé de la communauté internationale. Continuer d’enhardir et de soutenir l’« indépendance de Taiwan » revient à défier la souveraineté de la Chine. Et persister à maintenir des relations officielles avec Taiwan, c’est de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine. Je suis convaincu que vous verrez tôt ou tard une « photo de famille » de la communauté internationale dont tous les membres respectent le principe d’une seule Chine. Ce n’est qu’une question de temps.
Les actes sécessionnistes visant l’« indépendance de Taiwan » sont le plus grand élément destructeur de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taiwan. Pour défendre véritablement la paix dans le Détroit, il faut s’opposer sans équivoque à l’« indépendance de Taiwan ». Plus l’attachement au principe d’une seule Chine est ferme, mieux la paix dans le détroit de Taiwan est garantie.
Notre politique est très claire, c’est de continuer de travailler avec la plus grande sincérité à des perspectives de réunification pacifique. Notre ligne rouge est elle aussi très claire, c’est de ne jamais laisser séparer Taiwan de la mère patrie. Quiconque dans l’île prône l’« indépendance de Taiwan » sera puni par l’Histoire. Quiconque à l’international enhardit et soutient les forces visant l’« indépendance de Taiwan » finira par subir les maux qu’il a lui-même semés.
Les compatriotes des deux rives du Détroit sont unis par des liens de chair et trouvent leur origine indivisible dans une même nation. Tous les Chinois doivent préserver l’intérêt fondamental de la nation chinoise, s’opposer ensemble à l’« indépendance de Taiwan » et soutenir la réunification pacifique.
Global Times : En 2023, la diplomatie de voisinage de la Chine a été marquée par le succès du Sommet Chine-Asie centrale, le rehaussement des relations sino-vietnamiennes en vue d’une communauté d’avenir partagé de portée stratégique, ainsi que beaucoup d’autres temps forts. Cela est notamment grâce à la concrétisation du principe d’amitié, de sincérité, de bénéfice mutuel et d’inclusion que la Chine poursuit dans sa politique envers ses pays voisins. Comment envisagez-vous la diplomatie de voisinage en 2024 ?
Wang Yi : Les Chinois disent souvent que mieux vaut un voisin proche qu’un parent éloigné. La Chine et les pays dans son voisinage sont voisins pour toujours. L’Asie est notre foyer commun. Construire une Asie prospère est l’aspiration commune des pays de la région. Depuis que le Président Xi Jinping a avancé le principe d’amitié, de sincérité, de bénéfice mutuel et d’inclusion, la Chine et ses pays voisins ont créé une nouvelle dynamique de bonne entente et d’amitié, et frayé une voie de coexistence propre à l’Asie.
Nous œuvrons au bon voisinage, en respectant les préoccupations fondamentales et majeures de part et d’autre, en maintenant l’intensité des échanges de haut niveau, et en renforçant la connaissance mutuelle et le rapprochement entre nos peuples. L’idée de la bonne entente et de l’amitié a gagné une large adhésion et le sens de la communauté d’avenir partagé s’est enraciné dans les esprits.
Nous œuvrons à la sincérité, en préconisant la recherche d’un terrain d’entente par-delà les divergences, et en tenant compte de la sensibilité de part et d’autre. Nous avons travaillé à plus de compréhension et de confiance par une communication sincère, et au règlement des divergences et des frictions par le dialogue et les consultations. Nous avons relevé ensemble toutes sortes de risques et de défis, et écrit ensemble une belle histoire de solidarité face aux heurs et malheurs.
Nous œuvrons au bénéfice mutuel, en valorisant la complémentarité de nos atouts respectifs, et en contribuant au développement et au redressement de l’un et de l’autre. Le chemin de fer Chine-Laos, le corridor économique Chine-Pakistan, le gazoduc Chine-Asie centrale, les « parcs industriels jumeaux » Chine-Malaisie, la ligne ferroviaire à grande vitesse Jakarta-Bandung et d’autres projets de coopération ont permis d’accélérer la croissance régionale.
Nous œuvrons à l’ouverture et à l’inclusion, en portant le régionalisme ouvert, en participant activement à la coopération en Asie de l’Est, en soutenant le rôle central de l’ASEAN, et en travaillant à une coopération Chine-Japon-République de Corée plus approfondie et plus substantielle. Le Sommet Chine-Asie centrale et le mécanisme de coopération Lancang-Mékong ont connu un développement vigoureux. L’Organisation de Coopération de Shanghai est devenue l’organisation de coopération régionale qui couvre la plus grande superficie et la plus grande population au monde.
Cette année marque le 70e anniversaire des Cinq Principes de la Coexistence pacifique. Nés en Asie, ils ont su transcender les différences en termes de système social et d’idéologie et sont aujourd’hui des normes fondamentales régissant les relations internationales et des principes fondamentaux du droit international. C’est une contribution de la sagesse orientale à la gestion des relations interétatiques. 70 ans après leur lancement, ces principes n’ont rien perdu d’actualité et affiche une plus grande vitalité. Nous sommes prêts à travailler avec les pays voisins à faire rayonner les Cinq Principes de la Coexistence pacifique, afin de construire une communauté d’avenir partagé pour l’Asie et aussi pour toute l’humanité et de continuer d’apporter la contribution asiatique à la paix mondiale et l’impulsion asiatique à la croissance mondiale.
CGTN : La crise ukrainienne n’a donné aucun signe d’apaisement jusqu’aujourd’hui. Lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité le mois dernier, vous avez dit que tout ce que la Chine avait fait était pour promouvoir les pourparlers de paix. À votre avis, quand est-ce que les deux parties pourront revenir à la table des négociations ?
Wang Yi : Sur la question ukrainienne, la Chine adopte toujours une position objective et impartiale, et se tient toujours fermement du côté des pourparlers de paix. Le Président Xi Jinping a eu en personne des communications approfondies avec les dirigeants des différentes parties dont la Russie et l’Ukraine. Un document de position sur cette question a été publié, et notre envoyé spécial a effectué plusieurs navettes diplomatiques. Tous ces efforts ont un même objectif, celui de préparer le terrain pour la cessation des combats et les pourparlers de paix.
Lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité, nous avons eu une impression forte que de plus en plus de gens ont commencé à s’inquiéter d’éventuelles conséquences perdant-perdant de cette crise et se sont dits prêts à créer des conditions en vue d’une solution fiable.
Les expériences du passé montrent qu’une crise prolongée souvent dégénérera et conduira à une escalade qui pourrait aller au-delà des prévisions des parties prenantes, et que si les pourparlers de paix ne peuvent s’amorcer, les malentendus et les erreurs d’appréciation s’accumuleront, et une plus grande crise éclatera. Des leçons sont à tirer là-dessus.
Tout conflit finit par se régler autour d’une table des négociations. Plus tôt les négociations seront lancées, plus vite la paix deviendra réalité. Tant que toutes les parties respectent les buts et principes de la Charte des Nations Unies et répondent adéquatement aux préoccupations légitimes des uns et des autres, l’Europe pourra mettre véritablement en place une architecture de sécurité équilibrée, effective et durable.
Les quatre points concernant ce qui doit être fait, avancés par le Président Xi Jinping, sont les principes directeurs fondamentaux que la partie chinoise poursuit dans le règlement politique de la crise. La Chine soutient la tenue en temps opportun d’une conférence internationale de paix qui soit reconnue par la Russie et l’Ukraine, qui réunisse sur un pied d’égalité les différentes parties et qui permette une discussion équitable de tous les plans de paix. La Chine souhaite voir le retour au plus tôt de la paix et de la stabilité sur le continent européen et entend continuer de jouer un rôle constructif en ce sens.
China News Service : Comment la diplomatie chinoise pourra-t-elle mieux servir la modernisation à la chinoise ? Que répondriez-vous aux inquiétudes sur les perspectives du développement de la Chine ?
Wang Yi : En 2023, l’économie chinoise, par une croissance de 5,2%, a contribué à hauteur d’un tiers à la croissance mondiale. La Chine demeure un puissant moteur de croissance et la prochaine Chine, c’est la Chine. Je voudrais vous rappeler quelques nouvelles dynamiques.
D’abord, le développement de la Chine repose non seulement sur une croissance quantitative raisonnable, mais aussi sur une amélioration qualitative effective. Les secteurs émergents sont en plein essor, la transition verte porte ses fruits, les anticipations de la société s’améliorent solidement et les forces productives de nouvelle qualité se développent à un rythme accéléré. Ensuite, l’immense marché chinois de plus de 1,4 milliard d’habitants s’ouvre sur le monde. De nouvelles demandes et de nouvelles activités économiques sont en augmentation exponentielle. L’espace pour le développement de la Chine et sa coopération avec l’extérieur s’élargit rapidement. Troisièmement, les portes de la Chine s’ouvrent encore plus grand et plus de mesures substantielles sont prises pour son ouverture de haut niveau et sur le plan institutionnel. Le niveau général de ses tarifs douaniers a baissé au même niveau des pays membres développés de l’OMC. La liste négative d’accès au marché pour les investissements étrangers a été réduite à moins de 31 items. L’accès à l’industrie manufacturière est complètement ouvert. L’ouverture du secteur des services s’accélère. Et le bénéfice que réalisent les investissements étrangers en Chine est toujours parmi les plus élevés au monde.
La Chine ne peut se séparer du monde dans son développement et le monde ne saurait se développer sans la Chine. Ceux qui misent sur l’échec de la Chine finiront par nuire à leurs propres intérêts et ceux qui en font une lecture erronée rateront les opportunités.
La diplomatie économique est également un aspect important du travail extérieur. Nous continuerons de prendre des mesures pour faciliter la mobilité humaine entre la Chine et les autres pays du monde, y compris les facilités de paiement. À partir du 14 mars, la Chine appliquera à l’essai la politique d’exemption de visa pour la Suisse, l’Irlande, la Hongrie, l’Autriche, la Belgique et le Luxembourg. Nous espérons que davantage de pays pourront accorder des facilités de visa aux citoyens chinois, et travailler conjointement avec nous à construire des réseaux rapides pour la circulation transfrontalière des personnes et à accélérer la reprise des vols passagers internationaux, pour que les Chinois puissent partir en voyage quand ils le souhaitent et que nos amis étrangers se sentent chez eux quand ils viennent en Chine. Nous organiserons plus de voyages en province des chefs de mission diplomatique, en vue de bâtir plus de ponts pour favoriser l’ouverture et la coopération des collectivités locales et entreprises. Nous travaillerons avec les départements compétents pour promouvoir la conclusion de plus d’accords de libre-échange de haut standard, agrandir le réseau de zones de libre-échange tourné vers le monde et préserver la stabilité et la fluidité des chaînes industrielles, d’approvisionnement et de données mondiales. Nous travaillerons en interministériel pour organiser avec succès l’Exposition internationale d’importation de la Chine, la Foire internationale du commerce des services de Chine, l’Exposition internationale des produits de consommation de Chine, l’Exposition internationale des chaînes d’approvisionnement de Chine et les autres plateformes de coopération internationale, optimiser le cadre d’affaires conforme aux lois du marché, à la législation et aux normes internationales, et apporter aux investisseurs et partenaires étrangers des anticipations plus stables et davantage de bénéfices de long terme.
Antara News Agency : La Chine et les pays de l’ASEAN se sont mis d’accord pour accélérer les négociations en vue de parvenir à un code de conduite en Mer de Chine méridionale (COC) contraignant. Quelle proposition la Chine fera-t-elle pour créer un environnement pacifique et harmonieux en Mer de Chine méridionale ?
Wang Yi : De génération en génération, le peuple chinois vit et travaille en Mer de Chine méridionale. Les îles de la Mer de Chine méridionale sont depuis longtemps territoire sous juridiction du gouvernement chinois en vertu de la loi. Aujourd’hui, cette mer est la voie maritime la plus dynamique, la plus sûre et la plus libre dans le monde. Ces dernières décennies, 50% des navires marchands et un tiers du commerce maritime dans le monde y ont transité sans être perturbés de quelque manière que ce soit. Dans ce monde agité, si la paix et la stabilité ont pu être maintenues en Mer de Chine méridionale, c’est grâce aux efforts conjoints de la Chine et des pays de l’ASEAN. Cette situation difficilement acquise mérite d’être préservée.
Les enseignements les plus importants que nous en avons tirés sont deux principes à poursuivre : Les divergences doivent être gérées et réglées de manière adéquate par les pays directement concernés à travers le dialogue, les consultations et les négociations ; La paix en mer doit être préservée par les efforts conjoints de la Chine et des pays de l’ASEAN. C’est également l’essence de la Déclaration sur la conduite des Parties en Mer de Chine méridionale (DOC) signée en 2002.
Concernant les différends en mer, la Chine fait toujours preuve d’une grande retenue et estime qu’il faut rechercher des solutions acceptables pour tous dans l’esprit de bon voisinage et d’amitié et le respect des faits historiques et juridiques. Cependant, nous n’acceptons pas que la bonne foi soit abusée ni que le droit de la mer soit déformé. Face aux atteintes délibérées à nos intérêts, nous prendrons des actions légitimes pour défendre nos droits conformément à la loi, et face aux provocations injustifiées, nous y répondrons par des contre-mesures immédiates et légitimes. Nous recommandons à certains pays non régionaux de s’abstenir de semer de la discorde, de prendre parti et de créer des troubles ou incidents en Mer de Chine méridionale.
Sur la préservation de la paix et de la stabilité en Mer de Chine méridionale, la Chine et les pays de l’ASEAN doivent tous continuer de bien mettre en œuvre la DOC tout en accélérant les discussions sur le COC, en vue de mettre en place des règles régionales plus efficaces, plus substantielles et conformes au droit international, y compris au droit de la mer. Grâce à l’impulsion énergique de la Chine, le COC est passé à la troisième lecture après une deuxième lecture réussie. Nous entendons travailler ensemble avec les pays de l’ASEAN pour parvenir au plus tôt à un COC et faire de la Mer de Chine méridionale une mer de paix et de coopération.
Phoenix TV : Nombre de pays au monde ont proposé des solutions sur la gouvernance mondiale dans le développement de l’intelligence artificielle (IA). Quelle est la position de la Chine sur la coopération entre grands pays sur l’IA ?
Wang Yi : L’IA est entrée dans une phase cruciale de développement exponentiel. Nous estimons qu’il faut accorder la même importance au développement et à la sécurité, embrasser les nouveautés et les nouvelles opportunités sans oublier de monter les freins avant de prendre la route, et travailler ensemble à promouvoir la gouvernance mondiale de l’IA. En octobre dernier, le Président Xi Jinping a avancé l’Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle, dans laquelle la position et les propositions de la Chine sont clairement présentées.
Nous estimons qu’il faut garantir essentiellement trois points : Premièrement, les bienfaits. L’IA doit se développer de manière à contribuer au bien-être commun de tous, en conformité avec les règles de l’éthique et du droit international et dans le sens du progrès de l’humanité. Deuxièmement, la sécurité. L’IA doit rester sous le contrôle de l’être humain et se doter d’une explicabilité et d’une prévisibilité toujours renforcées. À cet égard, des plans d’évaluation et de contrôle de risques sont nécessaires. Troisièmement, l’équité. Il est important de créer une institution internationale de gouvernance de l’IA dans le cadre de l’ONU et d’assurer la participation égale et l’accès égal aux bénéfices pour tous les pays au cours du développement de l’IA.
Je tiens également à souligner que les tentatives de monter une « petite cour avec de hauts murs » dans le domaine de l’IA aboutiront à une nouvelle erreur historique. Cela ne saurait entraver le développement scientifique et technologique des autres, et ne fera que saboter l’intégrité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales et réduire les capacités de l’homme à répondre aux risques et défis.
La Chine est ouverte et favorable à la coopération avec les autres pays sur l’IA et a déjà établi des mécanismes de dialogue avec des pays dans ce domaine. Dans le domaine de l’IA, la coopération entre grands pays est d’une grande importance, de même que le renforcement des capacités des pays en développement. Nous soumettrons en temps opportun à l’Assemblée générale des Nations Unies un projet de résolution sur l’intensification de la coopération internationale sur le renforcement des capacités de l’IA, en vue de renforcer le partage de technologies entre différentes parties, de combler le fossé de l’IA et de ne laisser aucun pays en arrière.
TVZ : Vous vous êtes rendu en Afrique en janvier dernier, selon la tradition qui veut que le ministre chinois des Affaires étrangères réserve à l’Afrique son premier déplacement de l’année. Comment la Chine consolidera-t-elle sa coopération avec les pays africains ? Des hauts responsables des pays occidentaux dont les États-Unis y ont multiplié les visites ces dernières années. Craignez-vous que les relations sino-africaines ne soient confrontées à la concurrence de l’Occident ?
Wang Yi : Le ministre chinois des Affaires étrangères consacre chaque année à l’Afrique son premier déplacement à l’étranger. Cette tradition, qui a duré depuis 34 ans, est unique dans l’histoire des échanges internationaux. Elle s’explique par le fait que la Chine et l’Afrique, frères pour le meilleur et le pire, ont combattu côte à côte dans la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme, fait preuve de solidarité sur la voie du développement et du redressement et défendu résolument la justice face aux aléas internationaux.
Depuis le début de l’ère nouvelle, le Président Xi Jinping a avancé le principe de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi pour les relations sino-africaines et la vision de la recherche du plus grand bien et des intérêts partagés, guidant la construction d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans une voie rapide. Depuis 15 ans consécutifs, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Le gâteau de la coopération sino-africaine ne cesse de s’agrandir. Les Chinois et les Africains se rapprochent de plus en plus.
Aujourd’hui, le Sud global, qui comprend la Chine et l’Afrique, est en plein essor et marque profondément le cours du monde. Les pays africains connaissent un nouvel éveil. Les modèles qui leur ont été imposés de l’extérieur n’ont apporté ni stabilité ni prospérité. Ils ont besoin d’explorer une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales et de prendre fermement en main leurs avenir et destin.
Dans ce nouveau processus historique, la Chine continuera de se tenir fermement aux côtés de ses frères africains, de soutenir l’Afrique pour qu’elle accède à une véritable indépendance d’esprit et de pensée, de l’accompagner dans le renforcement de sa capacité de développement autonome, et d’appuyer l’accélération de la modernisation du continent.
La Chine estime depuis toujours que l’Afrique ne doit pas être marginalisée. Avec le développement vigoureux de la coopération sino-africaine, les autres grands pays ont à nouveau tourné leur regard vers l’Afrique. Nous nous en félicitons et espérons qu’ils pourront, comme ce que fait la Chine, apporter une plus grande attention à l’Afrique, s’y engager davantage et soutenir son développement. Nous sommes prêts à mener, dans le respect de la volonté de la partie africaine, plus de coopérations tripartites et multipartites.
La prochaine conférence du Forum sur la Coopération sino-africaine se tiendra cet automne en Chine. Six ans après, les dirigeants chinois et africains se retrouveront à Beijing pour envisager ensemble le développement et la coopération dans l’avenir et échanger en profondeur des vues sur les expériences de gouvernance. Je suis convaincu que par ce sommet, la Chine et l’Afrique feront rayonner l’amitié traditionnelle, approfondiront la solidarité et la coopération, ouvriront de nouveaux horizons à l’accélération du développement partagé, et écriront une nouvelle page de la communauté d’avenir partagé Chine-Afrique.
KBS : Sur la question de la péninsule coréenne, la Chine garde-t-elle toujours la même position ? On constate récemment une montée des tensions dans la péninsule coréenne. Quelle est la solution chinoise ?
Wang Yi : La question de la péninsule coréenne perdure depuis de nombreuses années. Le nœud du problème est clair : Le vestige de la guerre froide demeure, le mécanisme de paix n’a toujours pas été mis en place et la question de la sécurité n’a pas été fondamentalement réglée. Le remède est connu : l’approche à double voie et le principe de procéder par étapes et de manière synchronisée proposés par la Chine.
La situation dans la péninsule coréenne est de plus en plus tendue. C’est ce que la Chine ne veut pas voir. Dans un monde aussi instable, il ne faut plus que la péninsule coréenne soit replongée dans des conflits ou des chaos. Quiconque cherche à utiliser la question de la péninsule coréenne pour relancer la confrontation de la guerre froide assumera ses responsabilités envers l’Histoire. Quiconque cherche à saboter la paix et la stabilité dans la région en payera un prix lourd.
La position chinoise sur la question de la péninsule coréenne est constante. Il faut concentrer tous les efforts pour favoriser la paix et la stabilité sur le long terme dans la péninsule. La première priorité est de mettre fin à la dissuasion et à la pression et d’en finir avec la spirale de la confrontation. La solution fondamentale réside dans la reprise du dialogue et des négociations pour régler les préoccupations sécuritaires légitimes de toutes les parties et notamment celles de la RPDC, et faire avancer le processus du règlement politique de la question.
Radio Chine Internationale : Aujourd’hui les défis globaux se multiplient. La communauté internationale attend de l’ONU un rôle encore plus important. Pourtant, certaines grandes puissances cherchent à la contourner en montant toutes sortes de « petits cercles ». Comment voyez-vous le rôle de l’ONU ? Quel est votre avis sur sa réforme ?
Wang Yi : La Chine estime depuis toujours qu’il n’y a qu’un seul système international, celui centré sur les Nations Unies, qu’il n’y a qu’un seul ordre international, celui fondé sur le droit international, et qu’il n’y a qu’un seul ensemble de règles, les règles fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, et qu’aucun pays ne saurait arbitrairement en imposer un autre. Les nombreux crises et défis qui nous frappent ces dernières années ne cessent de nous mettre en garde que le rôle de l’ONU doit être renforcé et non affaibli, et que sa place doit être préservée, et non remplacée.
Depuis sa fondation d’il y a plus de 70 ans, l’ONU a traversé toutes sortes d’épreuves et subi des impacts de la politique du plus fort. Mais elle demeure aujourd’hui l’organisation internationale intergouvernementale la plus universelle, la plus représentative et dotée de la plus haute autorité. Elle est le mécanisme central pour réaliser la paix et le développement dans le monde et une plateforme importante pour la participation égale des nombreux petits et moyens pays aux affaires internationales.
La Chine est le premier pays à avoir apposé sa signature sur la Charte des Nations Unies, le plus grand fournisseur de Casques bleus parmi les membres permanents du Conseil de Sécurité et le deuxième contributeur financier à l’ONU et à ses opérations de maintien de la paix. Pour répondre au déficit de développement, nous travaillons activement à faire avancer l’Initiative pour le développement mondial en vue de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Pour répondre à la menace climatique, nous soutenons la coopération internationale contre le changement climatique dans le cadre des Nations Unies et parviendrons à la plus forte réduction de l’intensité de carbone au monde dans les délais les plus courts de l’histoire.
Dans le même temps, l’ONU a également besoin de se mettre en phase avec notre époque, de se réformer et de se perfectionner en permanence pour s’adapter à la nouvelle réalité de la politique et de l’économie internationales, et augmenter la représentation et le droit à la parole des pays en développement. Les grands pays doivent en particulier assumer leurs responsabilités et faire en sorte que l’ONU et son Conseil de Sécurité s’acquittent mieux de leur devoir pour, plus effectivement, consolider le consensus international, mobiliser les ressources mondiales et coordonner l’action mondiale. La Chine soutient les Nations Unies dans l’organisation du Sommet de l’avenir en vue d’aboutir à un Pacte pour l’avenir qui soit bénéfique pour tous. Nous sommes prêts à travailler avec la communauté internationale à soutenir le développement et le perfectionnement continus de l’ONU pour que l’Organisation, en reposant sur l’état de droit international, en respectant la justice et l’équité, en poursuivant la coopération gagnant-gagnant et en veillant à l’efficacité dans l’action, porte le véritable multilatéralisme et œuvre sans cesse à la démocratisation et au respect du droit dans les relations internationales.
Associated Press of Pakistan : Depuis le lancement par le Président Xi Jinping de l’Initiative « la Ceinture et la Route » il y a dix ans, de nombreux pays ont pu mesurer les bénéfices tangibles qu’elle a apportés. Comment voyez-vous les perspectives de la coopération dans le cadre de cette Initiative pour les années à venir ?
Wang Yi : Lancée par le Président Xi Jinping il y a plus de dix ans, l’Initiative « la Ceinture et la Route » a porté des fruits abondants. Elle est devenue le bien public mondial le plus apprécié et la plus grande plateforme de coopération internationale, et a offert une voie de coopération, d’opportunité et de prospérité aux pays partenaires en vue d’un développement commun. Lors du troisième Forum « la Ceinture et la Route » pour la Coopération internationale, le Président Xi Jinping a annoncé les huit actions à prendre par la Chine, ce qui marque l’ouverture d’une nouvelle phase de la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative. Nous sommes prêts à travailler avec les différentes parties pour poursuivre l’esprit de la Route de la Soie et mettre en œuvre les acquis du Forum en vue d’inaugurer une nouvelle décennie d’or pour cette coopération.
Nous travaillerons à la montée en gamme de l’interconnexion matérielle. Nous redoublerons d’efforts pour construire un réseau mondial multidimensionnel de connectivité d’infrastructures maritimes, terrestres et aériennes qui soit soutenable, résilient et de haute qualité. Nous accélérerons la construction de la Route de la Soie numérique, développerons en profondeur la Route de la Soie verte et conjuguerons nos efforts pour répondre aux nouveaux défis de toutes sortes.
Nous travaillerons à un développement solide et approfondi de la connectivité immatérielle. Nous resterons attachés aux principes d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés ainsi que le concept d’ouverture, de développement vert et d’intégrité, poursuivrons la recherche du haut standard au service du bien-être des peuples et du développement durable, renforcerons la synergie entre l’Initiative « la Ceinture et la Route » et les stratégies de développement de différentes parties, coordonnerons la mise en œuvre des projets emblématiques et des projets petits et beaux, et œuvrerons activement à bâtir une économie mondiale ouverte pour que l’Initiative « la Ceinture et la Route » procure durablement des opportunités à tous en vue des bénéfices partagés.
Nous travaillerons au rapprochement continu des peuples. Nous développerons énergiquement le dialogue des civilisations entre les pays partenaires de l’Initiative, accorderons un soutien agissant aux échanges entre les peuples et les collectivités locales et mènerons activement des échanges humains riches et variés pour que l’esprit de la Route de la Soie s’enracine plus profondément dans les esprits de nos peuples.
La Chine ne cherche pas une modernisation qui ne profite qu’à elle seule. Nous espérons que la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » deviendra un moteur pour le développement commun de tous les pays et un accélérateur pour la modernisation dans le monde entier.
Prensa Latina : En 2023, le mécanisme des BRICS a réalisé un élargissement historique, et Cuba a organisé avec succès le Sommet du Groupe des 77 et la Chine. Certains médias et chercheurs estiment que le Sud global pose un défi à l’ordre international dominé par l’Occident. Qu’en pense la Chine en tant que membre majeur du Sud global ?
Wang Yi : Le développement des BRICS contribue à l’augmentation des forces pour la paix et à l’élargissement du front mondial pour la justice. Cela ne doit pas être considéré comme un défi. D’un point de vue plus large, l’élargissement des BRICS reflète l’émergence collective du Sud global et l’accélération de la multipolarisation du monde. Regroupant les marchés émergents et pays en développement, le Sud global représente aujourd’hui plus de 40% de l’économie mondiale et transforme profondément le paysage de l’économie mondiale. Il se distingue par son esprit d’indépendance et poursuit la tradition de se renforcer dans l’unité. Il n’est plus une majorité silencieuse. Il est désormais une force clé dans la transformation de l’ordre international et incarne l’espoir dans un monde qui traverse des changements inédits.
La Chine était, est et sera toujours un membre déterminé du Sud global. Elle respire au même rythme que les autres pays du Sud et recherche un avenir partagé avec eux. Elle est toujours un pilier dans le développement et le redressement du Sud global.
L’année 2024 sera une année de récoltes pour la coopération du Sud global et marquera un nouveau départ pour la solidarité entre les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Le Forum sur la Coopération sino-arabe fêtera ses 20 ans, le Forum Chine-CELAC célébrera son 10e anniversaire, et le Forum sur la Coopération sino-africaine tiendra son prochain sommet cet automne en Chine. Nous attendons de retrouver différentes parties à ces grands rendez-vous, de sorte à rassembler la force du Sud pour la solidarité et la coopération entre pays en développement. Nous soutiendrons également la Russie dans l’organisation du sommet des BRICS élargis, ainsi que le Brésil et le Pérou dans l’organisation du sommet du G20 et de la réunion des dirigeants des économies de l’APEC. Ensemble, nous valoriserons les temps forts du Sud dans la gouvernance mondiale.
China Daily : L’année dernière, la Chine a évacué d’urgence et en sécurité plus de 1 500 ressortissants chinois du Soudan. Quelles sont les nouvelles mesures que le Ministère des Affaires étrangères prendra cette année dans le domaine de la diplomatie au service du peuple ?
Wang Yi : En 2023, la situation internationale a été volatile et changeante, et la sécurité de nos compatriotes en outre-mer a toujours tenu à cœur au Comité central du Parti. Le Ministère des Affaires étrangères et nos ambassades et consulats ont tout mis en œuvre pour transmettre la sollicitude du Comité central du Parti à chacune et à chacun de nos compatriotes.
Nous avons renforcé la protection consulaire en outre-mer, traité plus de 80 000 cas et publié plus de 6 000 alertes. Nous avons évacué en urgence plusieurs milliers de ressortissants chinois du Soudan, de la Palestine et d’Israël, et déployé tous nos efforts pour protéger la vie et la sécurité de nos compatriotes en outre-mer. Les fonctionnalités de l’application China Consular Affairs ont été sans cesse perfectionnées, et le numéro vert 12308 a reçu et traité plus de 530 000 appels durant l’année écoulée. Nous avons accru davantage la valeur du passeport chinois, avec l’exemption mutuelle de tous les types de visas avec plus de 20 pays dont Singapour, la Malaisie et la Thaïlande. Nous avons promulgué le premier Règlement sur la protection et l’assistance consulaires pour mieux réguler, institutionnaliser et normaliser la protection consulaire.
La diplomatie au service du peuple exige des efforts constants. Cette année, nous nous concentrerons sur les trois domaines suivants :
Premièrement, travailler sans relâche à construire le mécanisme de la protection des ressortissants et des intérêts chinois en outre-mer. Nous renforcerons la sensibilisation à une protection consulaire préventive et le service d’alerte aux risques de sécurité, continuerons de perfectionner le numéro vert 12308 et bâtirons une plateforme de services de protection consulaire efficace, en circuit fermé et à chaîne complète.
Deuxièmement, continuer de construire le réseau de facilitation de la mobilité humaine. Nous œuvrerons à une reprise accélérée des vols internationaux de passagers, continuerons d’élargir notre « cercle d’amis » en matière d’exemption de visas et conclurons avec plus de pays et sous différentes formes des arrangements sur la délivrance de visas à entrées multiples et valables pour plusieurs années .
Troisièmement, perfectionner sans cesse les services consulaires en ligne et en présentiel. Nous perfectionnerons l’application China Consular Affairs et créerons des « salles de services consulaires intelligents » dans nos ambassades et consulats, en vue de fournir des services consulaires de meilleure qualité et plus pratiques à nos compatriotes en outre-mer.
Je tiens à vous dire ici que la diplomatie chinoise est une diplomatie du peuple. Servir le peuple et satisfaire nos compatriotes sont toujours les buts que nous recherchons.
China Arab TV : Durant l’année écoulée, la voix de la Chine a été entendue davantage sur la scène internationale, et de plus en plus de gens veulent mieux connaître la Chine. À votre avis, quels sont les éléments importants et la portée des histoires de la Chine à l’ère nouvelle ? Quel rôle les journalistes étrangers peuvent-ils jouer pour relayer l’image de la Chine ?
Wang Yi : C’est une excellente question. Ces dernières années, les correspondants étrangers en Chine ont fait découvrir au monde une Chine dynamique et vivante : des relèves des missions Shenzhou dans l’espace aux plongées records du submersible habité Fendouzhe, en passant par la réponse à la désertification et le mode de vie bas carbone, sans oublier les Jeux Asiatiques de Hangzhou et les tournois villageois de basketball du Guizhou. Vous avez raconté au monde des histoires vibrantes des Chinois unissant leurs efforts pour réaliser le rêve chinois, et montré toute la vitalité de la Chine à l’ère nouvelle. Ici, je tiens à remercier sincèrement les amis de la presse qui y ont déployé beaucoup d’efforts.
Les histoires de la Chine sont fascinantes. Raconter la Chine, c’est tout d’abord raconter le Parti communiste chinois. Depuis plus d’un siècle, le PCC a uni et conduit le peuple chinois dans une lutte opiniâtre pour frayer une voie de la modernisation à la chinoise et créer un miracle de développement jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Tel est le thème le plus passionnant des histoires de la Chine. Raconter la Chine, c’est au fond raconter le peuple chinois. Le peuple est le personnage principal des histoires chinoises. Sous la direction du PCC, les plus de 1,4 milliard de Chinois ont persévéré dans leurs efforts et travaillé assidûment pour une vie meilleure, écrivant les chapitres les plus splendides des histoires chinoises. Raconter la Chine, c’est aussi raconter le renforcement mutuel entre la Chine et le reste du monde. La Chine a toujours associé son propre développement au développement commun des différents pays du monde, et travaillé sans relâche à approfondir la réforme et à élargir l’ouverture, ce qui a non seulement permis son propre développement, mais aussi contribué à celui du monde entier. Tel est le récit le plus grandiose des histoires chinoises.
Vous avez évoqué l’importance de faire comprendre la Chine. Force est de constater que les histoires de la Chine ne s’écrivent pas séparément des histoires de l’humanité, mais en constituent une partie importante. Ce qu’elles nous enseignent, c’est que tant que les pays du monde explorent librement leurs voies de modernisation en partant de leurs conditions nationales respectives, on verra émerger un paysage splendide et multicolore de la modernisation mondiale, tel un jardin où toutes les fleurs s’épanouissent.
Nos amis journalistes étrangers sont de plus en plus nombreux à raconter la Chine. Un de vos confrères a dit que la Chine était un pays où l’impossible devenait possible, et que raconter la Chine n’était pas un simple travail, mais une mission de vie pour lui. J’ai aussi remarqué que ces dernières années, de plus en plus d’influenceurs étrangers sont appréciés par les internautes de différents pays pour avoir partagé ce qu’ils avaient vu et entendu en Chine. Nous serons heureux de voir plus d’amis étrangers nous rejoindre pour raconter une Chine vibrante et dynamique ainsi que les efforts conjoints de la Chine et des différents pays du monde pour construire une communauté d’avenir partagé pour l’humanité.
La Conférence de presse a duré une heure et demie.